Le 4 Mars 1945, l’armée de l’air
américaine bombardait Bâle et Zurich
Bien que restée à l’écart du conflit, la Suisse n’est pas
sortie totalement indemne de la seconde guerre mondiale. Le 1er
avril 1944, 50 bombardiers américains ont bombardé Schaffhausen, entrainant
la mort d’une centaine de civils suisses. Quelques jours plus tard, le 13
avril 1944, un bombardier américain était abattu par l’armée de l’air suisse
tuant les 6 membres d’équipage. Le 4 Mars 1945, l’armée de l’air américaine
bombardait Bâle et Zurich. De nombreux autres bombardements alliés ont eu
lieu de 1943 à 1945 avec une fréquence croissante au fur et à mesure que les
armées alliées se rapprochaient de l’Allemagne. Ces bombardements de l’armée
américaine étaient bien entendu accidentels ; à l’époque le GPS et le
gyroscope n’existaient pas et suite à une erreur de navigation ou de
mauvaises conditions météorologiques, un pilote pouvait aisément croire
qu’il se trouvait au-dessus de l’Allemagne ou de la France occupée.
Ces incidents se sont produits dans un contexte
diplomatique quelque peu particulier entre la Suisse et les alliés. D’un
côté, la Suisse revêtait une importance capitale pour les services de
renseignements alliés en raison de sa proximité géographique et linguistique
avec l’Allemagne nazie. Maintenir de bonnes relations avec la Suisse était
donc primordial pour les alliés.
En même temps, de nombreux suisses suspectaient que ces
bombardements étaient délibérés car ils savaient que les alliés étaient
irrités par le fait que la Suisse commerçait avec l’Allemagne (y compris des
ventes d’armement) et laissait transiter sur son territoire le trafic
ferroviaire entre l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. La question était
délicate. En raison de sa neutralité, la Suisse avait le droit de commercer
avec l’ensemble des belligérants et les alliés comprenaient que la Suisse
avait besoin de commercer avec l’Allemagne notamment pour s’approvisionner
en charbon. De plus, une rupture totale des relations entre la Suisse et
l’Allemagne n’était pas dans l’intérêt des alliés car cela risquait
d’entrainer le tarissement des sources de renseignements. En outre, les
suisses intercédaient régulièrement en faveur des prisonniers de guerre
alliés détenus par les nazis et une rupture des relations entre la
Suisse et l’Allemagne risquait d’avoir des conséquences fatales pour les
prisonniers de guerre. Toutefois, les alliés faisaient pression sur la Suisse
afin qu’elle réduise autant que possible ses échanges commerciaux avec
l’Axe, à commencer par les ventes d’armes. Cette pression alliée sur la
Suisse prenait des formes diverses et les américains ont entre autre
momentanément suspendu le trafic routier entre la Suisse et l’Espagne à
travers le sud de la France.
S’ajoutait à cela d’âpres négociations concernant le
rapatriement des pilotes alliés détenus par la Suisse – des pilotes qui
avait été contraints d’atterrir en Suisse par l’armée helvétique alors
qu’ils violaient accidentellement l’espace aérien suisse ou bien des pilotes
dont l’avion avait été touché par l’ennemi et avait délibérément atterri en
Suisse pour éviter d'être fait prisonnier par l'armée allemande.
Comme on peut l’imaginer, les armées alliées ne sont pas les
seules à avoir porté atteinte à la neutralité de la Suisse pendant la seconde
guerre mondiale. Lors de l’invasion de la France en Mai Juin 1940, l’armée
de l’air nazie a à de nombreuses reprises violé l’espace aérien helvétique.
Les suisses vivaient alors dans l’angoisse d’une invasion allemande et se
sont montré intransigeants : l’armée de l’air suisse a abattu pas moins de 17
avions allemands entre le 10 Mai et le 17 Juin 1940. On imagine la fureur du
Führer… A vrai dire, il n'y avait pas de quoi être furieux : le fait d’arme
suisse faisait la démonstration de l’excellence technologique de l'Allemagne
nazie puisque les avions de l’armée suisse étaient de fabrication allemande…
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