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Les armées du monde
James Weldon
Mellody
James Weldon Mellody parlait
rarement de la guerre mais sa bru Jo Nell a
eu l'excellente idée de mettre par écrit
tous ce qu'il racontait et a ainsi pu
graduellement reconstituer son histoire. Le texte ci-dessous
est la traduction française du texte rédigé
par Jo Nell Mellody.
Le sergent James Weldon Mellody est né le 4
avril 1921, dans une ferme à 7 miles (11km)
au sud de Royse City au Texas. Il était le
fils aîné de Harry et Mary Mellody. Weldon
était grand et baraqué : 6’1’’ et 192 livres
(1m85 et 80 kg). On l’appelait « Big Tex »
Weldon a eu 21 ans en avril 1942 alors qu’il
était étudiant à l’université Texas Tech. Il
est parti pour Dallas et s’est engagé dans
la Army Air Corps le 6 octobre 1942. Après
avoir suivi un entrainement aux Etats-Unis,
il est parti pour l’Ecosse et est arrivé à
Glasgow le jour de ses 23 ans le 4 avril
1944. Il était basé à Rivenhall dans le
comté d’Essex près de Colchester en
Angleterre. Weldon était ingénieur et a
servi en tant que mitrailleur et remplaçant
navigateur sur un bombardier B-26. Weldon
racontait en riant que le B-26 était
surnommé avec à propos « Pièces de
rechange ». « Ils réparaient les avions avec
ce qu’ils pouvaient trouver pour qu’ils
puissent reprendre l’air ». Weldon racontait
aussi que « les avions étaient si serrés
qu’il était impressionné qu’ils pouvaient
tous décoller sans entrer en collision.
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Sgt James Weldon Mellody - matricule
18178493 |
La mission
de la 397th était de préparer le débarquement de
Normandie en attaquant les bases de V2, les ponts,
la ligne de défense côtière, les gares de triage et
les pistes d’aviation. Un jour, en évoquant ses
souvenirs, il dit doucement : « Cela me faisait
toujours mal… Nous bombardions leur pays, nous
détruisions leurs maisons ».
Le 397th était connu sous le nom de
“Bridge Busters” (Destructeurs de ponts) et les
équipages ont pris l’air à deux reprises pour
bombarder des ponts stratégiques le jour du
débarquement. Weldon a participé à 26 ½ missions
(son avion a été abattu lors de sa 27ème
mission). Le 24 juin 1944 lors d’une mission réussie
en région parisienne (destruction du pont ferroviaire entre
Sartrouville et Maisons-Laffitte), son avion a été
endommagé par la flak (DCA allemande). L’équipage a
été obligé de sauter au-dessus de la France occupée.
Weldon avait gardé un mauvais souvenir de son
entrainement de parachutisme et il n’était
certainement pas enthousiasmé à l’idée de sauter.
Avant de sauter, il a tenu à récupérer son stylo…
Lorsque Weldon s’était préparé pour son dernier vol,
il s’est assuré d’avoir un stylo dans sa poche.
Pendant la mission, Weldon a prêté son stylo au
navigateur qui avait oublié le sien. Alors que
l’équipage se préparait à sauter, le navigateur
revenait de l’avant de l’appareil et Weldon lui a
demandé : « Où est mon stylo ? ». Devant
l’insistance de Weldon, le navigateur est reparti
chercher le stylo et le lui a rendu. Weldon l’a rangé
dans la poche de sa chemise et s’est ensuite préparé
à sauter. Ça été le point de départ d’une habitude
qu’il a gardé toute sa vie durant de toujours avoir
un stylo dans la poche de sa chemise. C’était son
porte-bonheur. Plusieurs décennies plus tard,
lorsqu’on lui a demandé pourquoi il avait exigé que
le navigateur lui rende son stylo, il a répondu :
« Vous savez, j’y ai beaucoup réfléchi depuis ce
jour-là et je demeure incapable de me l’expliquer. »
Weldon a
atterri dans un arbre près de la gare
d’Aubergenville-Elisabethville (78). Il
s’est retrouvé emmêlé dans l’arbre et cerné
par 6 soldats allemands. Il a raconté que sa
première pensée à été : « Eh bien Mellody, tu
es fait ». Alors qu’il racontait l’histoire
à des camarades de classe de son petit-fils,
il a évoqué un français qui lui avait offert
une cigarette. Les allemands ont fait un
signe de tête pour signifier que c’était OK
et Weldon a accepté.
Cliquez ici pour avoir plus de détails
sur cette photo et l'accueil que lui a
réservé la population d'Elisabethville suite
à son arrestation. |
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Le Sergent Mellody, salué par Robert
Mourand, est emmené par 6 soldats
allemands |
Weldon a ensuite été véhiculé à Paris dans un taxi
jusqu’à la Bastille. « J’ai vu Paris depuis le siège
arrière d’un taxi » racontait Weldon « La tour
Eiffel et d’autres sites ». Pendant ce temps, J.W.
Bratton, le cousin de Weldon qui était lui aussi
basé à Rivenhall, a essayé d’écrire aux parents de
Weldon pour les informer que l'avion de leur fils avait été
abattu. La lettre lui a été retournée avec le
contenu complètement expurgé. Le censeur lui a dit
qu’il serait préférable de réécrire la lettre et de
ne rien dire sur le fait que Weldon avait été
abattu. J.W. Bratton a donc réécrit sa lettre : « Je
vais bien mais je ne peux rien dire sur Weldon ».
Les Mellody ont par la suite reçu un télégramme
confirmant que leur fils était prisonnier de guerre.
Ils n’ont pas eu de nouvelles jusqu’à l’année
suivante.
Weldon a été emmené à Frankfort pour interrogatoire.
Un ami de Royse City avait été abattu deux semaines
plus tôt et Weldon a demandé à l’interrogateur
allemand si le Marshall Ray Pullen avait survécu.
L’interrogateur a quitté la pièce et un grosse
allemande blonde est revenu quelques minutes plus
tard avec un dossier. Weldon a été informé que
Pullen avait survécu et que tous son équipage était
sain et sauf. L’allemand a ensuite dit « Je vous ai
aidé et vous devez maintenant m’aider.
Il a étalé les plans de l’avion. Weldon a répondu :
« On dirait que vous en savez déjà plus que moi ».
Weldon est resté à Frankfort pour deux ou trois
jours puis a été envoyé au Stalag IV, quelque part
près de Belgrade et la mer Baltique. Son numéro de
"plaque à vache" délivrée par les allemands : 2722
Weldon disait que “le camp de prisonnier était
relativement supportable”. Les gardes était des
soldats allemands et pas des Gestapo. Dans le camp,
chaque soldat avait une responsabilité. Weldon était
le coiffeur du camp de prisonnier. L’un des soldats
allemands était originaire de l’état du Wisconsin
(USA). Il était parti en Allemagne pour visiter sa
famille et on ne l’avait pas laissé repartir. Cet
homme avait été enrôlé de force dans l’armée
allemande. Weldon avait l’impression que certains
soldats allemands étaient obligés de servir dans l’armée
allemande contre leur gré et cela les rendait
compatissants à l’égard des prisonniers de guerre.
Weldon a même raconté que certains soldats allemands
troquaient des articles tels du câble (les
prisonniers s’en servaient pour fabriquer des
radios) contre des cigarettes etc. Les prisonniers
ont ainsi pu confectionner une radio et recevaient les
nouvelles du front dans les 20 ou 30 minutes qui
suivaient. La vie dans le camp était supportable
jusqu’au 6 février 1945 (l’hiver le plus froid dans
l’histoire de l’Europe).
Alors que les russes s’approchaient, les allemands
ont décidé de lever le camp et de forcer les
prisonniers à marcher vers l’ouest puis vers le sud
dans le but d’atteindre Munich. Les rations
alimentaires était réduites pour tous le monde y
compris pour les soldats allemands : Une jarre d’eau
et un tranche de pain par jour. L’anniversaire de
Weldon est arrivé pendant la marche forcée. Il avait
encore sa montre et il s’est dit qu’elle ne lui
était d’aucune utilité et il l’a troqué contre 2
pains noirs et deux livres de confiture. Ils ont
englouti le premier pain avec la confiture pour son
anniversaire. Ils ont fait duré l'autre pain un peu
plus longtemps en le mangeant avec des navets:
Ils coupaient le navet en fines lamelles et plaçaient
une tranche de pain entre deux tranches de navet et
ils avaient ainsi un sandwich au navet. A un moment,
les prisonniers ont été rassemblés dans une grange à Magdenburg. Cette grange lui
rappelait sa ferme natale. « Je ne sais pas pourquoi
j’ai fais ça ; je n’ai jamais rien pris qui ne
m’appartenait pas mais j’ai pris 4 ou 5 ciseaux à
bois et quelques harnais en cuir.” Ces articles
étaient encore dans la grange de la ferme familiale
lorsqu’elle a été vendue aux enchères au printemps
1987.
Nous ne savons pas exactement comment les
prisonniers ont été libérés. Weldon évitait de
répondre à certaines questions. Les prisonniers ont
été libérés près de Halle le 26 avril 1945 après une
marche forcée de 86 jours et de 488 miles (785km).
Weldon a raconté qu’ils avaient aperçu des soldats
américains pendant les 2 ou 3 jours précédents et
plusieurs prisonniers avaient essayé de s’enfuir
mais ensuite revenaient en disant « N’allez pas par
là ». Il a été prisonnier de guerre pendant 305
jours.
Après que les prisonniers de guerre aient été
récupérés par l’armée américaine, ils ont été
acheminés par avion jusqu’à une base près du Havre.
Weldon pesait 127 livres (53kg) tout habillé avec
ses bottes militaires et un gros manteau de laine.
Au Havre, les anciens prisonniers de guerre étaient
nourris 5 fois par jour: On leur servait 3 gros
repas pour le petit déjeuner, déjeuner et dîner.
Puis on leur servait du lait de poule entre les
repas pour les engraisser. Le 11 juin 1945, Weldon
était considéré comme suffisamment costaud pour
endurer la traversée de l’Atlantique et il a
embarqué sur un bateau de US Navy à destination des
USA. Weldon a toujours dit : « ceux qui
travaillaient sur le bateau avaient droit à 3 repas.
Ceux qui ne travaillaient pas avaient seulement deux
repas ». Weldon considérait qu’il avait raté
suffisamment de repas au cours de sa captivité et il
était heureux de travailler afin d’avoir ses trois
repas. Lorsqu’ils sont arrivés à Camp Patrick Henry
à Newport News (Virginie), Weldon pesait 160 livres
(67kg). « La vie devenait meilleure ». Depuis la
Virginie, il a pris un train en direction de Fort
Sam Houston à San Antonio (Texas). Lorsque Weldon
est arrivé à la base à San Antonio, il a entendu
quelqu’un crier « Heeey, Mellody ! ». Il s’est
retourné et a reconnu Joe Bailey Canup, un ami de
la famille, qui avait été enrôlé et travaillait à San
Antonio. « ça faisait beaucoup de bien de voir
quelqu’un du pays »
N’étant pas certain du chemin qu’il allait suivre,
Weldon n’a pas téléphoné pour dire qu’il rentrait à
la maison mais Joe Bailey a appelé sa femme Fay.
Weldon était de retour au Texas et dans le Texas
rural, les nouvelles se propagent vite. Weldon a
pris un bus à San Antonio en direction de Dallas et
de là s’est rendu à Royse City en auto stop. Il est
arrivé sur la route principale aux environ du 4
juillet 1945. La tante Ola et l’oncle Tipton avait
un salon de coiffure en ville. Ils ont fermé le
salon de coiffure et l’ont emmené à la maison en
voiture. Weldon racontait : « Papa était sur le
tracteur et maman binait le champ de coton. Elle a
jeté la binette et n’est pas retournée dans le
champ. Le premier repas de Weldon était du poulet
grillé, des pommes de terre à la crème, des pois,
des tomates en tranche et du gâteau à la fraise.
« C’était drôlement bon ». Le samedi suivant, tout
le monde est parti en ville et Wendell Wesberry
était au café de Bennie et Fonie. Weldon est entré
pour dire bonjour et est ressorti. Il était à peine
sorti que Wendell l’a fait revenir dans le café en
disant : « La serveuse m’a reproché de ne pas
t’avoir présenté. » La serveuse était Wanda Jean
Spearman.
Elle avait 16 ans et Weldon 24 ans.
Weldon a décidé de rester et a commandé un burger.
Ce fut le coup de foudre. Le journal local a
contacté Weldon à plusieurs reprises pour publier un
article. Weldon disait au journaliste : « la guerre
est terminée ; je suis rentré à la maison pour
oublier ». Après 90 jours, Weldon a été rappelé à
Santa Monica pour finir son service militaire. La
discipline militaire était quasiment inexistante et
la nourriture abondante. Les officiers savaient ce
que ces hommes avaient enduré et ils exigeaient
seulement qu’ils retournent les saluts militaires.
Les soldats étaient réorganisés en régiments pour
être renvoyés en Europe pour des missions de
maintien de la paix. Lorsque les autorités
militaires ont fait le compte des points, Weldon
avait 85 points et c’était suffisant pour qu’il
reste aux Etats-Unis. Le 13 octobre 1945, Weldon
avait retrouvé son poids initial de 192 livres
(80kg) et il a été libéré de ses obligations
militaires.
Weldon et Wanda se sont mariés le 14 juin 1946. Le
couple s’est installé à Lubbock afin que Weldon
puisse terminer les études supérieures qu’il avait
entamé avant octobre 1942 au Texas Tech. Ils ont eu
5 enfants, 9 petits-enfants et à ce jours 12
arrière-petits-enfants et 2
arrière-arrière-petits-enfants.
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Photo prise en 2012 dans un nouveau
lotissement de Royse City; deux rues ont été
nommées en mémoire du couple Mellody. |
Source:
http://www.mixbook.com/photo-books/interests/an-american-soldier-5272743
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