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Les mémoires d'Ossian Arthur Seipel
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Chapitre 7
Libération
Les camions se sont vite remplis au fur à
mesure que les kriegies, ou plutôt
précisément les ex-kriegies montaient à
bord. Il n’y avait pas d’ordre prédéterminé.
Les premiers à se présenter étaient les
premiers à monter à bord. Je me suis
retrouvé séparé du reste du baraquement et
je ne les ai plus jamais revus. On m’a
emmené à Inglostadt sur une piste d’aviation
non loin de Moosburg. D’autres camions se
sont dirigés vers d’autres aérodromes dans
la région et nous avons tous dû attendre les
C-47 qui étaient censés nous emmener vers un
centre de redéploiement. Pendant que nous
attendions, nous avons erré près des hangars
et nous avons vu plusieurs avions allemands
en réparation. Ce qui a vraiment retenu
notre attention, c’est un chasseur
biréacteur. C’était probablement le chasseur
qui avait abattu les B-24. |
|
Le 2nd Lt Ossian
Arthur Seipel recevant une médaille en 1945.
De droite à gauche: sa mère, un officier non
identifié, le 2nd Lt Seipel, sa fille et son
épouse. - Photo Lynn Dobyanski |
Non loin de l’aérodrome se tenait un vieux fort
allemand qui avait récemment été évacué. Il
contenait toutes sortes d’équipements militaires qui
disparaissaient rapidement au fur et à mesure que
des kriegies venaient s’en emparer. J’ai pris
quelques objets comme par exemple des insignes
allemandes, quelques couteaux, un sac de couchage et
un sac à dos. De retour à l’aérodrome, nous dormions
dans des sacs de couchage venant du fort et on a
bien dormi. Le matin suivant, un Stuka allemand a
fait un passage au-dessus de la piste et s’est
présenté pour atterrir. Il y avait 3 jeunes
aviateurs à bord qui ont déclaré vouloir se rendre
aux américains au lieu des russes. On les a donc
fait prisonnier et on les a remis à la police
militaire.
Le 8 mai, on a entendu la nouvelle que l’Allemagne
avait capitulé et que la guerre était finie en
Europe. C’était aussi l’anniversaire de ma sœur
Betsy et de mon beau-frère Skinny. C’est également
ce jour-là que le C-47 est venu nous embarquer. Le
prochain arrêt était un centre de redéploiement à
Reims. La première chose qu’ils nous ont donnée est
un sac. J’y ai mis les revolvers volés et quelques autres
affaires et nous avons attendu une bonne partie de la journée
Nous avons
retiré tous nos vieux vêtements que nous avons jetés
dans une poubelle. Ensuite, nous sommes passés sous
la douche, une minute pour se savonner, deux minutes
pour se rincer. Ensuite, enroulés dans des
serviettes, nous avons suivi des flèches pour subir
des examens médicaux et dentaires. On nous a
également vaccinés contre le typhus.
Après que les médecins en aient fini avec nous, on
nous a remis des chemises, cravates, pantalons,
chaussettes, vestes et un kit contenant un rasoir,
de la mousse à raser, une brosse à dents, un peigne
et un mouchoir. Les vêtements faisaient presque la
bonne taille. Ça été un peu plus long pour les
chaussures mais dans la mesure où vous connaissiez
votre pointure, ils s’efforçaient de la trouver ou à
défaut de vous donner la pointure qui s’en approchait le plus.
Après nous être habillé, nous sommes parti pour le
mess où on nous a servi un diner complet avec du
poulet, de la purée, des petits pois et de la glace.
On nous a dit qu’on pouvait manger autant qu’on
voulait et aussi souvent que nécessaire afin de
récupérer les kilos perdus.
Emmenant avec nous nos sacs, nous sommes partis en
camion jusqu’à une voie de chemin de fer. Nous avons
embarqué dans un train-hôpital et on nous a tous
donné une banquette pour dormir. Il y avait des
banquettes superposées sur quatre niveaux de part et
d’autre du wagon et nous pouvions dormir tous le
long du voyage jusqu’au Camp Lucky Strike.
Au Camp Lucky Strike, on nous a conseillé de manger
et de se reposer mais il fallait faire la queue pour
tout : repas, douche, pour obtenir des vêtements
etc. On nous a conseillé de boire beaucoup de lait
de poule et c’était délicieux mais là encore, il
fallait faire la queue. Nous vivions dans de grandes
tentes carrées avec un plancher en bois et une porte
en toile à l’entrée. C’était là que nous pouvions
laisser nos souvenirs et nos vêtements pendant qu’on
faisait la queue. Des prisonniers de guerre
allemands étaient utilisés pour faire le ménage et
je crois que l’un d’entre eux m’a dérobé quelques
affaires. Mon pistolet Luger et deux couteaux des
jeunesses hitlériennes ont disparu ainsi qu’une
bouteille de parfum français.
Nous sommes restés à Camp Lucky Strike pendant
environ 3 semaines et puis nous avons été envoyés
dans un autre centre de redéploiement en attendant
qu’on nous trouve un moyen de transport pour nous
ramener à la maison. On a encore fait la queue pour
le mess, pour des beignets, du café, la douche et
finalement pour monter à bord du Liberty Ship
General George Squire. Eh oui, nous rentrions à la
maison!
Après une lente traversée de l’Atlantique, nous
sommes passés devant la statue de la liberté et nous
avons été accueillis par une flottille de bateaux
pompiers qui aspergeaient de l’eau et par des
orchestres. Nous avons débarqué et nous nous sommes
rendus à Camp Dix et nous avons pris le train jusqu’à
Fort Sheridan dans l’Illinois. Après un peu de
paperasserie et après avoir touché ma solde, ma
famille est passée me prendre à Fort Sheridan et
j’ai passé la nuit avec eux. Le jour suivant, j’ai
pris le train pour Memphis dans le Tennessee. De là,
j’étais supposé prendre un autre train pour Little
Rock dans l’Arkansas, là où Lois et sa famille
habitaient.
C’était un long voyage et j’essayais de penser à ce
que j’allais dire en arrivant là-bas. Je crois que
je suis arrivé à Memphis en début d’après-midi et je
portais mon sac en me demandant où je devais aller
pour prendre le train pour Little Rock. Puis je l’ai
vu sur le quai. Elle était plus belle que dans mes
souvenirs. Je ne me souviens pas de grand-chose de
ces retrouvailles si ce n’est le fait que nous
étions de nouveau ensemble.
Nous avons pu trouver le train pour Little Rock et
nous nous sommes assis aussi près l’un de l’autre
que possible jusqu’à ce que nous arrivions à Little
Rock. Lorsque nous sommes arrivés, sa famille nous
attendait et quelqu’un m’a tendu une petite fille.
C’était un bébé magnifique, rien à voir avec le
petit bébé maigrichon de 6 semaines sur la photo que
j’avais gardé avec moi au cours de 6 mois écoulés.
Lynn a eu du mal à s’habituer à moi. Je ne savais
pas si je devais avoir peur d’elle ou non.
J’essayais de la bercer dans mes bras mais elle
avait un mouvement de recul et me faisait savoir
qu’elle avait presque 11 mois et était une personne
autonome. J’ai décidé d’observer Lois pendant
quelques jours afin de voir comment me comporter. De
toutes manières, ce n’était pas si difficile que ça.
J’étais rentré à la maison et un nouveau chapitre de
ma vie s’apprêtait à débuter.
*Camp Lucky Strike était situé près Saint-Valéry-en-Caux
en Seine-Maritime.
Voici tous ce qu'il reste de ce camp: un bâtiment et
une piste d'envol utilisés par un aéroclub. Ce camp
qui avait abrité jusqu'à 100 000 soldats a été
démonté après la guerre et rendu à la culture.
©
Seconde-Guerre-Mondiale.com |
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©
Seconde-Guerre-Mondiale.com |
Quatre-vingt-neuf
soldats américains ont trouvé la mort le 17 janvier
1945 lorsqu'un train n'a pas réussi à s'arrêter et a
traversé la gare terminale de Saint-Valéry-en-Caux.
Une plaque commémore le sacrifice de ces hommes qui
ont traversé l'Atlantique pour se combattre pour la
libération de l'Europe. Ces hommes avaient débarqué
quelques heures plus tôt au Havre et devaient
ensuite partir pour le front dans les Ardennes.
: ©Seconde-Guerre-Mondiale.com
"A la mémoire des soldats américains
venus libérer le sol de France, morts accidentellement à
Saint Valéry en Caux le 17 janvier 1945
50 ème anniversaire de la libération, 11 septembre 1994" |
|
: ©Seconde-Guerre-Mondiale.com
La gare
ferroviaire de
Saint-Valéry en 2011 |
Chapitre 1:
Barksdale Field
Chapitre 2:
Angleterre
Chapitre 3:
Captivité
Chapitre 4:
Sagan
Chapitre 5:
La marche
Chapitre 6:
Moosburg
Chapitre 7:
Libération
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